Charbon et/ou nucléaire. L’heure des choix

Le charbon a été le moteur de la révolution industrielle du XIXe siècle. Son exploitation, en galeries souterraines ou à ciel ouvert (comme ci-dessus en Chine), reste une activité économique essentielle dans nombre d’Etats. ©DR

La crise climatique qui est la nôtre nous demande de limiter nos émissions de CO2, tant dans nos transports que dans l’abandon des centrales à charbon dont le nombre ne cesse d’augmenter et qui s’avèrent être l’une des plus importantes sources d’émissions pollueuses.

La Chine a installé durant le premier semestre 2020 11,4 GW de capacité supplémentaire et concentre désormais la moitié du parc mondial des centrales en charbon. Plus problématique encore, 189,8 GW de capacité de production d’électricité par le charbon y sont actuellement en production, et 331,9 GW de plus en cours de planification. Soit, en tout, davantage que l’ensemble des centrales en service dans le monde occidental.

Covid vs charbon !   Cependant, pour la première fois, la capacité totale des centrales au charbon dans le monde a baissé entre le 1er janvier et le 30 juin 2020. 18,3 GW ont été mis en service et 21,2 GW retirés. Cela faisait 20 ans que le parc mondial de ces installations augmentait en moyenne de 25 GW tous les 6 mois. Pour autant, cette baisse qui est une première mondiale, n’est pas exclusivement structurelle. Si elle l’est dans le monde occidental avec des fermetures de sites à hauteur de 8,3 GW au Royaume-Uni et de 5,4 GW aux Etats-Unis ou au Japon qui vient de planifier la fermeture de 114 de ses 140 centrales d’ici 2030, une grande part de cette diminution est aussi provoquée par la pandémie du Covid-19 qui a ralenti l’ouverture de nouveaux sites. Car, en dehors du monde occidental, la tendance n’est pas à une sortie du charbon. 

Selon le respect des engagements annoncés par les gouvernements en matière de réduction des émissions de CO2, l’objectif ne sera pas atteint avant 2040. © AIE, adaptation C.D

L’alternative du nucléaire.   Malgré le déclin de leur mise en service et de leur développement, l’utilisation du charbon sur toute la planète et les rejets de CO2 associés ne devraient diminuer que très lentement au cours de la prochaine décennie. Pourtant, les émissions liées à son utilisation doivent chuter d’ici 2030 selon des trajectoires qui répondent aux objectifs de l’accord de Paris. C’est décidément mal parti… En écho à la catastrophe climatique annoncée, le nucléaire, critiqué par bon nombre d’écologistes, apparait aujourd’hui comme une solution qui pourrait légèrement aplanir les crises  climatiques et énergétiques à venir. Il est actuellement considéré comme un atout indispensable pour bon nombre de spécialistes : face au réchauffement et à la demande d’électricité qui devrait croître dans les prochaines années (véhicules électriques, digitalisation accrue, etc.), d’éminents climatologues et économistes voient en lui l’alternative idéale aux énergies fossiles. Dans son rapport du 6 octobre 2018, le GIEC (Groupement International d’Experts pour le Climat) qui présente le consensus scientifique mondial sur les questions climatiques dont les trajectoires de réduction des émissions de gaz à effet de serre, estime ainsi que le nucléaire est une énergie incontournable pour limiter le réchauffement (Rapport GIEC).

Un faux débat ?   Les arguments en faveur du nucléaire sont nombreux et majeurs, puisqu’il offre aux Etats la possibilité d’une production massive d’électricité bas carbone (les faibles émissions de CO2 du nucléaire sont comparables, voire inférieures, à celles de l’éolien). Et surtout, il présente l’énorme avantage d’être pilotable pour répondre efficacement aux variations de la demande, contrairement aux ENR dont la production dépend des conditions climatiques et n’est pas ajustable en fonction des besoins. De leur côté, les « anti-nucléaires » prônent une sortie complète de ce mode de production d’ici 2050 et un mix électrique entièrement renouvelable. Cette solution ne semble toutefois pas envisageable puisque les énergies renouvelables (qui rejettent autant voire plus de CO2 que le nucléaire) seraient incapables de répondre au besoin d’une production d’électricité fiable, pilotable et massive. La place du débat est de plus en plus retreinte, l’urgence d’agir nous imposant de peser les risques du développement nucléaire en lieu et place des centrales à charbon ou de se préparer à un changement climatique dont la violence engendrera d’autres catastrophes humaines. JP.Z

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