Fret maritime. Turbulences à l’horizon.

Une grande partie de la capacité du canal de Suez ayant été détournée vers le Cap de Bonne-Espérance depuis décembre, le temps de transit a augmenté de façon spectaculaire, de 30 % selon certaines estimations. © DR

Le transport maritime représente 80 % des mouvements de marchandises effectués sur la planète. Suite aux récentes attaques sur les routes commerciales de la mer Rouge passant par le canal de Suez, une partie de ce trafic a été gravement perturbées, ce qui a eu un impact supplémentaire sur l’économie mondiale qui s’ajoute aux perturbations en cours dans la mer Noire en raison de la guerre en Ukraine, modifiant les routes commerciales du pétrole et des céréales. De plus, le canal de Panama, artère essentielle reliant l’Atlantique au Pacifique, est confronté à un autre problème : la baisse du niveau d’eau qui suscite de nombreuses inquiétudes quant à la résilience à long terme des chaînes d’approvisionnement, soulignant la fragilité de l’infrastructure commerciale mondiale.

Des coûts d’acheminement toujours plus importants.   Les principaux acteurs du transport maritime ayant temporairement suspendu les passages par le canal de Suez, les transits hebdomadaires de navires porte-conteneurs ont chuté de 67 %, et la capacité de transport des navires citernes et de gaz ont connu des baisses significatives. Parallèlement, le nombre total de transits par le canal de Panama a chuté de 49 % par rapport à son apogée. Depuis novembre 2023, la hausse des taux de fret spot moyens pour les conteneurs a enregistré la plus forte augmentation hebdomadaire jamais enregistrée, soit 500 dollars US au cours de la dernière semaine de décembre. Cette tendance s’est poursuivie. Les taux spot moyens de transport de conteneurs au départ de Shanghai ont plus que doublé depuis le début du mois de décembre (+ 122 %). Ils ont été multipliés par trois vers l’Europe (+ 256 %) et sont même supérieurs à la moyenne (+ 162 %) vers la côte ouest des États-Unis, bien qu’ils ne passent pas par Suez.

Plus de GES.   Les navires évitant désormais les canaux de Suez et de Panama d’autres itinéraires sont privilégiés. Cette combinaison se traduit par un allongement des distances parcourues par les marchandises, une augmentation des coûts commerciaux et des primes d’assurance. En outre, les émissions de gaz à effet de serre augmentent également du fait que ces navires doivent parcourir de plus grandes distances et à plus grande vitesse pour compenser les détours. La CNUCED estime que l’augmentation de la consommation de carburant résultant de l’allongement des distances et de l’augmentation de la vitesse pourrait entraîner une hausse de 70 % des émissions de gaz à effet de serre pour les trajets aller-retour.

10 milliards de tonnes par an.   Les principaux avantages du transport maritime sont sa capacité à transporter des volumes importants, sa sécurité et sa fiabilité. C’est pourquoi il est considéré comme un moyen de transport économique et de grande sûreté. De plus, la dimension internationale et mondiale du transport maritime est pratiquement introuvable dans d’autres secteurs d’activité. Il joue ainsi un rôle essentiel pour le commerce international et les échanges mondiaux. En effet, plus de 90 % des marchandises, y compris les matières premières, les produits finis et les produits manufacturés sont acheminés par voie maritime. Cette partie représente environ 10 milliards de tonnes par an, dont 7 milliards de tonnes de marchandises solides naviguent sur les océans chaque année. Les principaux produits qui passent par cette forme de transport étant les produits du pétrole brut, suivis par la production agricole et la matière première puis le gaz naturel et enfin les conteneurs.

La Chine en première position.   Le secteur maritime est très globalisé car il comprend une chaîne mondiale d’un grand nombre de pays fournissant des services reliés aux échanges commerciaux par mer. Les principaux ports à l’échelle mondiale en termes d’activité se trouvent aux États-Unis, en Chine, au Japon et en Corée du Sud. La Chine est actuellement le plus grand opérateur de la flotte commerciale mondiale avec environ 1.5 million de tonnes, représentant 10 % de la flotte commerciale mondiale totale. Les États-Unis se classe au 2e rang avec une flotte commerciale totale d’environ 1 million de tonnes. Le Japon se classe 3ème avec 0.1 milliards de tonnes et la Corée du Sud se classent 4ème avec 0.04 milliards de tonnes. D’autres pays comme Taiwan, la Russie et le Canada ont également connu une forte croissance dans l’industrie maritime grâce à l’augmentation du commerce international et des flux de marchandises sur la route maritime.

Des lendemains pas très réjouissants.   D’après le rapport 2022 du GIEC, le transport maritime représente 16 % des émissions du fret et 70 % des tonnes-kilomètres transportées (c’est-à-dire le déplacement d’une tonne de marchandises sur un kilomètre). En définitive, sur la décennie écoulée, le transport maritime était annuellement responsable de 600 à 1 100 MtCO2, soit 3 % des émissions mondiales de GES. La tendance ne semble pas près de s’inverser au vu de l’augmentation constante des volumes de fret. D’après les experts du GIEC, les volumes ont augmenté de 250 % sur les 40 dernières années (en 2018, 11 milliards de tonnes ont été transportées. Ainsi, selon l’Organisation maritime internationale (OMI), les émissions pourraient être multipliées par deux d’ici 2050. Les émissions mondiales de GES seraient ainsi portées à 17 % (au lieu des 3 % actuels). JP.Z

Le trafic maritime en temps réel :

http://www.pilotage-maritime.nc/ais.php

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