TIS. Une nouvelle stratégie anti moustiques 

Couple d’Aedes aegypti, insecte diptère proche du moustique-tigre dans son apparence. C’est l’un des principaux vecteurs de maladies comme la dengue, le Zika, le chikungunya et la fièvre jaune. © Deng Lu

Une nouvelle découverte pourrait bien changer la donne dans la prévention des maladies véhiculées par les moustiques, grâce à la technique dite de l’insecte stérile (TIS). De nouveaux résultats sur son impact quant à la transmission des affections véhiculées par cet insecte viennent en effet d’être publiés dans Nature communications.

Des effets immédiats.   La technique de l’insecte stérile (TIS) représente une stratégie innovante pour combattre les moustiques vecteurs de maladies. En inondant leurs populations avec des mâles stériles, elle vise à réduire, voire à éliminer, les populations de moustiques femelles sauvages, responsables des piqûres et donc des infections. « Dans cette étude, nous montrons que la libération massive de mâles stériles pouvait avoir des effets immédiats sur la population de moustiques femelles et bloquer ainsi la transmission de maladies » résume Jérémy Bouyer, chercheur au Cirad et coordinateur de cette publication avant d’ajouter que « des travaux en laboratoire et sur le terrain ont révélé que des ratios élevés de mâles stériles par rapport aux femelles sauvages entraînent une diminution de la longévité de celles-ci, limitant ainsi leur capacité à se nourrir et à piquer ».

Des essais prometteurs.   Les travaux qui ont été menés ont montré une réduction significative des taux de piqûres et de la densité des populations de moustiques. Lors d’un essai sur le terrain mené dans une zone de 1,17 hectares en Chine, les piqûres de moustiques femelles ont ainsi diminué de 80 % et la densité des moustiques femelles a également régressé de 40 %, sans avoir eu besoin de rendre ces femelles stériles. Une réduction qui a été permise grâce à la présence d’essaims de moustiques mâles sauvages stériles près des humains, agissant comme une barrière protectrice en cherchant à s’accoupler avec les femelles attirées par les hôtes. Pour Jérémy Bouyer, il ne fait plus guère de doute que cette technique « se révèle être une arme doublement efficace, agissant sur la stérilité des populations de moustiques et sur la réduction de la transmission des maladies » avant d’ajouter « qu’elle pourrait marquer un tournant dans la lutte contre les arboviroses comme la dengue, le chikungunya et le Zika ».

Le moustique tigre, originaire d’Asie du Sud-Est, est désormais présent dans plus d’une centaine de pays sur les cinq continents et est à l’origine de nombreux problèmes sanitaires. © A. Franck, Cirad

Des lâchers aériens.   Des premières expériences avaient déjà été réalisées sur l’île de La Réunion, puis dans l’Hérault en 2021 afin de réduire les populations de moustiques-tigres (Aedes albopictus) déjà, à cette époque, présents dans 65 départements de la France métropolitaine. En complément des actions de prévention, l’EID Méditerranée, en partenariat avec des organismes de recherche comme le Cirad et l’IRD, avait expérimenté des méthodes innovantes de contrôle des populations de moustiques-tigres avec, parmi elles la Technique de l’Insecte Stérile (TIS) avec lâcher aérien des insectes mâles stériles.

Déjà testés à La Réunion.   La faisabilité des lâchers aériens de moustiques mâles stériles avait alors été démontrée. « La prochaine étape sera de conclure à l’efficacité de la méthode pour réduire une population cible de moustiques-tigres » avait, à l’époque, précisé Marlène Dupraz, scientifique du Cirad, impliquée dans un essai similaire à La Réunion qui avait eu lieu dans le cadre du projet Mosquarel coordonné par le Cirad. Ce projet visait à montrer la faisabilité, puis à mener au stade de la commercialisation, des systèmes de lâchers aériens automatiques de moustiques mâles stériles par drone dans le respect de la réglementation européenne. 

De la prévention d’abord et avant tout.   « La pullulation et le caractère aléatoire de leurs gîtes de reproduction, à 80 % chez l’habitant, ne permettent pas d’appliquer aux moustiques-tigres une stratégie de traitement comparable à celle déployée pour le contrôle des espèces locales de moustiques issues des zones humides » avait expliqué Rémi Cluzet, directeur technique de l’EID Méditerranée. « Et on sait qu’il n’y aura jamais une solution unique et qu’on devra recourir à une pluralité de dispositifs, parmi lesquels figure toujours la prévention » avait-il alors ajoutéUne conclusion toujours d’actualité même si les résultats de l’étude récemment publiée dans Nature communications mettent en lumière les progrès constants réalisés par les scientifiques afin de lutter contre les maladies pouvant être transmises par certains moustiques. E.B. (Sources : Cirad)

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