Mélodies en sous-sol

Tout les modes d’associations entre les champignons mycorhiziens et les plantes sont probablement possible: de la simple dépendance écologique du champignon vis-à-vis de la plante qui crée une niche favorable à son développement. ©DR

Depuis leur colonisation des continents à l’Ordovicien il y a plus de 450 millions d’années, les plantes sont en interaction constante avec un cortège complexe de micro-organismes (le microbiote) que ce soit dans leurs tissus (endosphère) ou à leur surface (rhizosphère, phyllosphère). Une partie de ces micro-organismes se singularise par sa capacité à établir une relation mutualiste avec elles, stimulant ainsi leur nutrition ce qui est notamment le cas des champignons mycorhiziens et des bactéries symbiotiques fixatrices d’azote. De nombreux fossiles de végétaux primitifs ont confirmé que les tout premiers étaient déjà associés à ces champignons : les gloméromycètes. Nul doute que ces micro-organismes symbiotiques ont contribué au succès de la colonisation des continents par les plantes en augmentant considérablement la capacité d’absorption des racines explorant les sols primitifs très pauvres en éléments nutritifs.

Un partenariat fragile.   Avec le réchauffement climatique, près de la moitié des espèces étudiées par une équipe de scientifiques ont commencé à migrer à mesure que leurs habitats historiques devenaient inhospitaliers. Cette étude révèle que l’exode de ces arbres, déjà très lente, pourrait bien signer leur trépas en les menant vers des sols qui n’ont pas le réseau fongique souterrain dont ils ont besoin pour vivre. La plupart des plantes forment des partenariats souterrains avec des champignons mycorhiziens, microscopiques et filamenteux qui poussent dans le sol et se connectent aux racines des végétaux pour leur fournir des nutriments essentiels en échange de carbone. Les chercheurs estiment que 60 % des arbres de la planète vivent en symbiose avec un certain type d’entre eux : les ectomycorhiziens. Les chercheurs qui se sont intéressés à l’impact du dérèglement climatique sur la symbiose entre les deux organismes ont publié leurs résultats le 27 mai dans la revue de l’Académie des sciences des États-Unis (PNAS), et ont ainsi lancé l’alerte. « En examinant l’avenir de ces relations symbiotiques, nous avons constaté que 35 % des partenariats entre les arbres et les champignons qui interagissent avec les racines des arbres seraient affectés négativement par le changement climatique », explique l’auteur principal Michael Van Nuland, écologiste fongique à la Société pour la Protection des Réseaux Souterrains (SPUN). 

Des symbioses essentielles.   « Les arbres les plus menacés par ce déséquilibre climatique en Amérique du Nord sont ceux de la famille des pins » ont constaté les chercheurs. Les zones particulièrement préoccupantes sont les limites des aires de répartition des espèces, où elles sont souvent confrontées aux conditions les plus difficiles. Ces mêmes auteurs y ont découvert que les arbres ayant un taux de survie plus élevé dans ces endroits ont des relations avec des champignons mycorhiziens plus diversifiés, signe que ces symbioses peuvent être essentielles pour aider les arbres à résister aux effets du changement climatique qui impactera donc négativement plus d’1/3 des relations entre les arbres qui y vivent et les champignons ectomycorhiziens. Tous deux n’ont en effet pas les mêmes niches climatiques et ne réagissent pas de la même manière au bouleversement des températures. Ils pourraient donc aller s’établir en des endroits où l’autre espèce n’est pas, leurs interactions risquant de s’éteindre localement. De quoi hypothéquer sérieusement l’avenir de nos patrimoines arborés. JP.Z

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