Pollution. Les raffineries en pôle position

Les enfants irakiens sont exposés au naphtalène, un HAP très dangereux. Les analyses en révèlent 11 fois plus que dans le corps des Allemands, 15 fois plus que dans celui des Américains.©DR

Plus de 90 % de la pollution de l’air au Moyen-Orient provient des carburants fossiles selon une étude publiée  dans la revue scientifique Communications Earth & Environment. Une équipe internationale de scientifiques a en effet conclu que la vaste majorité des particules fines qui peuvent pénétrer profondément dans les poumons et représenter ainsi un risque important pour la santé, sont d’origine humaine et proviennent essentiellement de la production et de l’utilisation de carburants fossiles et de charbon.

Le Moyen Orient plus touché que l’Occident.   Ce constat bat en brèche l’idée, jusqu’alors dominante, selon laquelle ce sont des phénomènes naturels comme les poussières du désert qui affectent la qualité de l’air de ces régions. Les scientifiques ont ainsi détecté des présences importantes d’éléments toxiques, comme le dioxyde de soufre, liés à l’industrie pétrolière ou au transport maritime. « Il y a des raffineries, comme celles d’Arabie Saoudite et des Emirats Arabes Unis, qui sont des sources majeures de pollution de l’air, mais aussi des bateaux sur la Mer Rouge et dans la région du Canal de Suez », a expliqué Jos Lelieveld, auteur principal de l’étude et chercheur à l’Institut Max Planck. L’équipe a cherché à calculer la surmortalité causée par la pollution de l’air chaque année dans la région, concluant qu’elle y est bien plus élevée que dans des pays occidentaux industrialisés. Le nombre de décès qui lui sont attribuables grimpe ainsi jusqu’à 15,9 % au Koweït, contre 3 % aux Etats-Unis. Selon les auteurs de l’étude, un décès sur huit dans la région peut être attribuée à la pollution liée aux combustibles fossiles et la qualité de l’air y « dépasse de manière permanente » les normes de l’OMS.

La  mise en sécurité  de l’unité et la décompression entraîne le recours à la torche de sécurité pour brûler l’éthylène ©DR

La Normandie pas épargnée.   Plus près de nous, à Gonfreville-l’Orcher (Seine-Maritime), ce sont des enfants qui sont exposés à des niveaux préoccupants de benzène et d’hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), des polluants notamment produits par l’industrie pétrochimique, très présente dans cette commune proche du port du Havre. C’est ce que révèlera, l’émission « Vert de rage » de France 5, réalisée par le journaliste Martin Boudot, avec des mesures de la qualité de l’air et de nombreux prélèvements à l’appui. Cette petite ville des bords de la Seine compte neuf entreprises et usines classées Seveso qui présentent, par les matières dangereuses qu’elles sont amenées à manipuler, des risques d’accidents majeurs. On y trouve notamment la plateforme de raffinage de Total, la plus grande de France et la première émettrice de benzène du pays en 2020, selon les données analysées par le documentaire. Ce polluant, un composé organique volatile présent naturellement dans le pétrole brut, est un cancérigène avéré pour l’homme. Des pics préoccupants sont remarqués dans les environs mais ne sont pas affichés pas les trois stations de mesures locales du réseau Atmo Normandie, une association de surveillance de la qualité de l’air. Ces stations, qui ne mesurent pas toutes en continu le benzène, n’affichent que des moyennes, plus rassurantes et plus représentatives de l’exposition chronique ! Mais aucune station ne se trouve sur la zone industrielle, pourtant l’une des plus importantes sources de pollution de la ville.

Pas d’études sérieuses en France.   Des analyses d’urine de 23 enfants ont également été réalisées au laboratoire de l’hôpital public de Liège (Belgique). Ces enfants sont scolarisés dans la commune et vivent à proximité de la plateforme industrielle. Du naphtol-2, le marqueur du naphtalène, un dérivé de goudron, de houille ou de pétrole, suspecté d’être cancérigène, a été retrouvé en quantité importante : la médiane des concentrations est par exemple 67 % plus élevée que celles des enfants allemands ! Faute d’étude menée en France, il n’a pas été possible de faire une comparaison avec le reste du pays. Enfin, des échantillons de sol ont été prélevés par un laboratoire indépendant et certifié dans un jardin ouvrier traversé par une canalisation de pétrole. La concentration en hydrocarbures aromatiques polycycliques, un groupe de composés où figurent de nombreux polluants cancérigènes et mutagènes, y est très importante (cinq fois le seuil de concentration naturelle), voire astronomique (112 fois) pour la partie touchée par une fuite, censée avoir été nettoyée… JP.Z

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Un commentaire pour Pollution. Les raffineries en pôle position

  1. Ben cherifa dit :

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