Polluer, c’est tuer…

Les activités industrielles contribuent pour une bonne part dans la mauvaise qualité de l’air avec des émissions de particules fines provoquant des décès infantiles toujours plus nombreux. © SD/Pictures/Pixabay

N’en déplaise à certains « responsables » politiques, s’il y a bien une activité à mériter la qualification de « punitive », c’est bien de la pollution qu’il s’agit et non pas de l’écologie comme ils le font croire trop souvent. La preuve : un nouveau rapport* publié le 19 juin dernier par le Health Effects Institute (HEI) – un institut de recherche indépendant à but non lucratif basé aux États-Unis – révèle que la pollution atmosphérique a été à l’origine de 8,1 millions de décès dans le monde en 2021. Au-delà de cette conclusion, elle est également à l’origine de maladies chroniques invalidantes pour des millions de personnes, ce qui pèse lourdement sur les systèmes de santé, les économies et les sociétés.

Deux cents pays analysés.   Réalisé en partenariat avec l’UNICEF, ce document révèle que les enfants de moins de 5 ans sont particulièrement vulnérables, avec des effets sur leur santé tels que des naissances prématurées, une insuffisance pondérale, de l’asthme et autres maladies pulmonaires. « En 2021, l’exposition à la pollution atmosphérique a été impliquée dans plus de 700 000 décès d’enfants de moins de 5 ans, ce qui en fait le 2ème facteur de risque de mortalité dans le monde pour cette tranche d’âge, après la malnutrition. Parmi eux, 500 000 étaient liés à la pollution de l’air domestique due à la cuisson en intérieur avec des combustibles polluants, principalement en Afrique et en Asie » pointe le travail des auteurs. Sont mis en avant les particules fines extérieures (PM2,5), la pollution de l’air domestique, l’ozone (O3) et le dioxyde d’azote (NO2) aux effets plus que néfastes sur la santé humaine, à travers le monde. Plus de 200 pays et territoires ont été analysés et la conclusion est sans appel : tous les habitants de la planète respirent chaque jour ces types de particules provoquant des niveaux de pollution atmosphérique jamais atteints.

Un facteur de risque avéré.   Globalement, plus de 90 % des décès dus à la pollution de l’air – ce qui représente 7,8 millions de personnes – sont attribués à la pollution atmosphérique par les PM2,5, y compris les PM2,5 ambiantes et la pollution de l’air domestique. Ces particules fines, dont le diamètre est inférieur à 2,5 micromètres, sont si petites qu’elles restent dans les poumons et peuvent pénétrer dans la circulation sanguine, affectant de nombreux systèmes organiques et augmentant les risques de maladies non transmissibles chez les adultes : maladies cardiaques, accidents vasculaires cérébraux, diabète, cancer du poumon et broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO). Selon le rapport, les PM2,5 se sont révélées être le facteur prédictif le plus cohérent et le plus précis des mauvais résultats en matière de santé sur la planète. « Nous espérons que ce rapport SoGA sur l’état de l’air dans le monde fournira à la fois les informations et les incitations nécessaires au changement », a déclaré le Dr Elena Craft, présidente de l’HEI.

Dans de nombreux pays, cuisiner, généralement avec du charbon de bois, provoque des émanations de particules fines, dommageables pour la santé des plus jeunes. De nouvelles techniques sont proposées en remplacement mais le chemin est encore long. © www.ecobenin.org

Des niveaux d’ozone qui augmentent partout.   La pollution atmosphérique par les PM2,5 est principalement issue de la combustion de combustibles fossiles et de biomasse dans des secteurs tels que le transport, l’habitat, les centrales électriques à charbon, les activités industrielles et les feux de forêt. Ces émissions n’ont pas seulement un impact sur la santé des individus, elles contribuent également aux gaz à effet de serre qui réchauffent la planète. Les populations les plus vulnérables sont touchées de manière disproportionnée par les risques climatiques et l’air pollué. En 2021, l’exposition à long terme à l’ozone a provoqué 489 518 décès dans le monde, dont environ 14 000 par maladies pulmonaires obstructives chroniques, notamment aux États-Unis, où la concentration y est plus élevée que dans d’autres pays à hauts revenus. Alors que la planète continue de se réchauffer sous l’effet du changement climatique, les régions où les niveaux de dioxyde d’azote (NO2) sont élevés peuvent s’attendre à voir augmenter les niveaux d’ozone, ce qui entraînera des effets encore plus graves sur la santé.

Un état d’urgence obligatoire.   « Malgré les progrès réalisés en matière de santé maternelle et infantile, près de 2 000 enfants de moins de cinq ans meurent chaque jour à cause des effets de la pollution atmosphérique sur leur santé », a déclaré Kitty van der Heijden, directrice générale adjointe de l’UNICEF. « Notre inaction a des répercussions considérables sur la santé et le bien-être de la prochaine génération. L’urgence mondiale est indéniable. Il est impératif que les gouvernements et les entreprises tiennent compte de ces estimations et des données disponibles localement, et qu’ils les utilisent pour prendre des mesures significatives, axées sur les enfants, afin de réduire la pollution atmosphérique et de protéger leur santé. »

Faire encore plus…   Dans le même temps, les mesures prises en faveur de la qualité de l’air dans des régions comme l’Afrique, l’Amérique latine et l’Asie, telles que l’installation de réseaux de surveillance de la pollution atmosphérique, la mise en œuvre de politiques plus strictes en matière de qualité de l’air ou la compensation de la pollution atmosphérique liée aux transports par l’adoption de véhicules hybrides ou électriques, ont des effets tangibles sur la pollution et sur l’amélioration de la santé publique. Autant de progrès qui ne doivent pas nous empêcher de faire plus pour que la pollution atmosphérique ne figure plus en haut de la liste des risques sanitaires qui menacent la vie de millions d’individus. (Sources : UNICEF)

Il s’agit de la 5ème édition du rapport State of Global Air (SoGA) qui propose une analyse détaillée des données récemment publiées dans le cadre de l’étude Global Burden of Disease (charge mondiale de morbidité) de 2021.

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